Le 31 mai 2016, officiels et organisateurs du salon italien du cuir, Lineapelle, conviaient la presse et les acteurs français de la filière Cuir à une conférence à l’Hôtel Intercontinental à Paris, mettant ainsi fin à une grande discrétion en termes de communication sur notre territoire.
A cette occasion, orchestrée par l’ICE (agence italienne pour le commerce extérieur), Fulvia Bacchi, directrice générale du Gruppo UNIC (filière italienne du cuir) -Lineapelle rappelait que le secteur cuir, qui pèse près de 150 milliards de dollars, est composé de 50 000 entreprises et d’un million de professionnels. « Il représente 18% de la production mondiale et se situe au 1er rang en termes de qualité et de design, parvenant à associer tradition et innovation, souligne-t-elle, et se situe à l’avant-garde en R&D pour l’écologie ».
Justement… la thématique écologique était un point fondateur de cette conférence, qui outre la mission de présenter Lineapelle, comme « le salon de référence » en termes d’approvisionnement cuir, souhaitait mettre l’accent sur « la durabilité de l’industrie du cuir, aspect que seuls les Italiens abordent ».
Mais que signifie la notion de durabilité ? C’est la capacité de réaliser un produit pour satisfaire les besoins actuels sans compromettre les autres générations.
Certes la durabilité est déjà encadrée par des lois européennes contrôlées, ainsi que par des ONG très vigilantes. L’industrie italienne du cuir, quant à elle, affirme en avoir fait sa priorité et dévoile ses résultats :
- La durabilité environnementale concerne la réduction de la consommation d’énergie et le traitement des déchets.
Sur 10 ans, la consommation en eau a baissé, celle des solvants de 40% et celle d’électricité de 20%. Un indicateur de l’empreinte carbone est en train de voir le jour, tandis qu’un marquage Vert fera son apparition d’ici la fin de l’année.
- La durabilité sociale touche à la protection des travailleurs.
Suite à des accords de branche sur la santé et la sécurité, le nombre d’accidents a diminué de 59% et l’absentéisme de 49%, mais ces changements dans le monde du travail sont surtout liés au développement de la formation et des investissements.
- La durabilité économique et des produits est une question récente : elle concerne la traçabilité des peaux brutes, le bien-être animal, le marquage de l’origine, la sécurité des produits en cuir et de leurs substances chimiques.
« Notre gouvernement a mis en place une plateforme pour la traçabilité du cuir », assure Sabina Frontini, directeur de l’ICEC.
Et comme l’Europe n’est pas unie sur les sujets de l’étiquetage et du marquage de l’origine — l’Italie et la France en tant que pays producteurs y sont favorables, alors que l’Allemagne et les pays du Nord votent contre —, l’Italie a instauré sa propre certification : si une entreprise valide au moins 1 certification dans 1 des 3 domaines cités ci-dessus, elle obtient l’attestation de société durable. Ainsi 70% des tanneurs italiens sont certifiés ; ils représentent 50% du CA national du secteur.
Par ailleurs, la filière italienne du cuir possède un cahier des charges, respectant les normes Reach et délivrant les lignes directrices pour les substances chimiques ; sa mise à jour semestrielle est communiquée aux adhérents.
Ne nous leurrons pas ! Toutes ces mises aux normes et contraintes ont un prix. A titre d’exemple, leur coût moyen serait estimé pour une tannerie entre 10 et 15% de son chiffre d’affaires annuel.
Reste à vérifier le bien-fondé de ces informations sur le prochain Lineapelle du 20 au 22 septembre 2016 !