Ses projets pour le Mipel
Rencontre avec celui qui, après avoir travaillé pendant 10 ans pour la maison Braccialini, est aujourd’hui le nouveau directeur du Mipel et de Aimpes Servizi.
Moins d’un an après avoir été nommé vice-directeur général de l’entité qui gère le salon pour le compte de l’association des maroquiniers italiens, Danny D’Alessandro, 35 ans, dirige désormais son premier Mipel en septembre 2017, et peut, d’ores et déjà, s’enorgueillir d’une édition précédente qui a fait le plein (plus de 10 % d’exposants) avec une augmentation à deux chiffres du nombre de visiteurs (+17 %).
Il a accordé à C+ accessoires sa première interview à Milan Rho Fiera, tandis que s’ouvrait cette 112e édition. Il revient sur son parcours personnel et sur ses projets pour cette manifestation, qui a perdu de sa puissance au cours de ces dernières années.
Vous venez de prendre la tête du Mipel. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?
Je suis un avocat qui travaille à la direction d’entreprises. Ma formation est académique : essentiellement juridique, mais aussi économique. J’ai passé 10 ans chez Braccialini comme avocat général de la société. Cette expérience a été extrêmement formatrice ; elle a été notamment l’occasion d’étendre mes connaissances sur le monde de la mode. J’ai, en outre, mené une activité de chercheur en analyse juridique de l’économie, qui m’a permis de participer à un ouvrage collectif important sur le système mode en Toscane (N.D.L.R. : éditions Il Mulino, 2013).
Pourriez-vous nous préciser quels sont les liens qui unissent Aimpes et le Mipel ?
Aimpes est l’association italienne des producteurs de maroquinerie. En association avec la Confindustria, elle a un rôle essentiel au niveau institutionnel. C’est elle qui négocie le contrat collectif national du secteur, valable pour tous les acteurs de la maroquinerie, parmi lesquels on retrouve Gucci, Prada, Ferragamo… Aimpes regroupe un peu moins de 200 adhérents en ce moment : l’activité associative sort d’une phase de sommeil et nous travaillons en ce moment pour la développer.
Le Mipel est géré par Aimpes servizi srl, une société qui est à 100 % propriété de Aimpes. Aujourd’hui, je suis directeur général d’Aimpes et administrateur délégué/directeur du Mipel.
Cette année, Mipel et Micam ont modifié leur calendrier pour s’aligner sur la semaine de la mode milanaise. Pourquoi une telle décision ?
C’est la suite logique du marché, qui est très exigeant et frénétique. Depuis 15 ans, avec la prolifération des salons entre Paris, Londres et New York, les acteurs de la mode, tels que les acheteurs ou les journalistes, ont de moins en moins de temps disponible. Le gouvernement italien a été visionnaire : il a facilité les synergies entre les différentes associations de la Confindustria et la Chambre Nationale de la Mode — l’association qui réunit tous les grands noms de la mode et qui est en charge de l’organisation des défilés. Il les a invités à créer un grand Big Bang de la mode : 10, maximum 15 jours, pendant lesquels tout se passe à Milan. Nous y sommes et le 20 septembre, les défilés débutent. Ces rapprochements doivent permettre aux acheteurs de pouvoir tout voir en ne venant qu’une fois, tout en permettant de drainer plus de visiteurs sur chaque salon. Enfin, avec Milano XL, évènement auquel nous participons, des installations artistiques organisées par les différents secteurs de la mode, sont proposées au centre de Milan.
Pouvez-vous nous présenter le Mipel, tel qu’il est aujourd’hui ?
Je tiens à souligner deux aspects : le premier est en lien avec les chiffres positifs de notre secteur, que nous avons dévoilés la semaine dernière. Au premier trimestre 2017, les exportations de maroquinerie italienne ont dépassé de 15 % celles de 2016 et connaissent une croissance à deux chiffres en Corée du Sud, au Japon, en Chine, en Russie, au Royaume-Uni et en France.
Vous parlez là du secteur du luxe ?
Il est évident que ces chiffres sont gonflés par les grands noms de la mode, mais je dois dire qu’en passant parmi nos exposants, qui proposent des produits plus milieu de gamme, on peut également noter de nombreux signaux positifs. Notre session de février 2017 avait déjà vu ses effectifs augmenter de 10 % et, pour la première fois depuis de nombreuses années, cette édition de septembre a non seulement fait le plein, mais a dû refuser une vingtaine de demandes de participation. Cela ne doit plus jamais arriver ! Nous souhaitons pouvoir ouvrir un deuxième pavillon et croître pour revenir à ce qu’était le Mipel autrefois, lorsqu’il s’étendait sur 3 ou 4 halls…
Je voudrais également rappeler que le Mipel est l’une des rares manifestations, où l’on signe des commandes. A cause de leur prolifération, de nombreux salons professionnels ne sont plus des instruments de travail mais sont devenus des vitrines.
Quelle est la session plus importante entre celle de septembre 2017 et celle qui se tiendra du 11 au 14 février 2018 ?
Comme vous pouvez le constater à Paris aussi, avec l’éclosion de lignes « 4 seasons », il y a de moins en moins de distinctions entre l’été et l’hiver en maroquinerie et donc les sessions se sont uniformisées. Malgré tout, comme nous faisons du cuir, la saison hivernale, présentée à la session de février, reste un peu plus importante.
Selon vous, quelle est la spécificité du Mipel par rapport aux autres salons européens ?
Je voudrais vous la résumer en quelques mots : le Mipel, c’est la rencontre parfaite entre tradition et innovation. Côté tradition, nous proposons d’excellents produits, avec de très beaux cuirs et une manufacture de qualité. Côté innovation, nous avons réalisé de gros investissements avec la création des espaces « Scénario » et « The Glamorous ». Ces initiatives, lancées avec la collaboration des acheteurs italiens, nous permettent de parier sur les nouveaux talents de la maroquinerie italienne : après avoir exposé sur un petit stand « Scénario », nous espérons que la marque sélectionnée pourra, quelques années plus tard, acheter un stand de 200 m2.
Quels sont vos objectifs et les changements que vous souhaitez introduire au Mipel ?
Hier soir, lorsque j’ai quitté, parmi les derniers, le salon, j’ai publié une photo sur Instagram, qui portait comme légende : « Je sors épuisé, mais j’ai rencontré beaucoup de monde, échangé avec de nombreuses personnes, j’ai résolu des petits et grands problèmes et, tout cela, je l’ai fait pour mes exposants, pour les aider à développer leur activité ». Nous sommes avant tout une association du secteur et mon objectif, c’est de soutenir nos entreprises : au niveau des services, avec l’association et au niveau commercial, avec le Mipel.
Nous souhaitons également étendre notre notoriété sur de nouveaux marchés : faire découvrir le salon à l’étranger et montrer l’intérêt de rencontrer les acheteurs à Milan, qui prend de plus en plus une place centrale dans l’univers de la mode, n’en déplaise aux Parisiens.
Pensez-vous qu’un salon spécialisé en maroquinerie a toujours une raison d’être ? Les marques de sacs peuvent en effet exposer à un salon lifestyle comme Homi, à un salon de prêt-à-porter ou de la chaussure…
La tendance, surtout en France, des salons modernes consiste à proposer de petits stands avec un total look qui comprend de l’habillement, des accessoires, sacs, bijoux, chaussures… comme on peut le voir sur Première Classe ou Tranoï. C’est un passage obligé à moyen et long terme ! Je ne sais pas si nous parviendrons à mettre en place, à court terme, cette proposition transversale. Outre ma volonté de faire venir des exposants d’autres régions du monde, je souhaite en effet introduire de nouvelles catégories de produits aux côtés des sacs. Si vous faites un tour dans les allées, vous pourrez constater que, contrairement aux précédentes éditions, on peut déjà découvrir des chapeaux, des lunettes ou même uniquement des montres. Nous sommes en train d’élargir notre offre, mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre spécialité, qui nous rend unique au monde : la maroquinerie.
Propos recueillis et traduits par Marianne Dorell