Bilan post salon
Le salon semble avoir tiré son épingle du jeu d’une conjoncture compliquée. Fréquentation en chiffres et analyse.
Entre une saison hivernale qui a démarré en novembre à cause d’un été indien, l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, qui a handicapé la période des soldes d’hiver, et l’enlisement de la classe moyenne dans la crise économique, les professionnels s’attendaient au pire. Le pire fut évité. Question fréquentation, les chiffres communiqués par les organisateurs font état d’une baisse non alarmante entre janvier 2014 et janvier 2015 (58 332 contre 57 970 visiteurs), avec une constante : 64 % d’acheteurs français et 36 % d’étrangers. Malheureusement pour notre pays, c’est précisément la fréquentation des multimarques français qui souffre (37 160 acheteurs en janvier 2015 contre 38 150 en janvier 2014). Non pas les Franciliens, dont le nombre augmente sensiblement (16 600 contre 16 766), mais les Provinciaux (21 450 contre 20 394). Ces données, incluant à la fois les secteurs textile et accessoires de mode, n’indiquent pas quels types de points de vente n’ont pas fait le déplacement. Pour les Etrangers, le visitorat à la baisse concerne : Italie, Belgique, Suisse, Allemagne, Turquie, Etats-Unis (malgré la reprise) et Japon. A la hausse : Espagne, Grande Bretagne, Asie (grâce à la Chine, Corée et Taïwan) et Afrique. Des informations à manier avec des pincettes. En effet, que dire des 128 acheteurs tunisiens (contre 82 l’année dernière) quand la distribution sélective est quasi inexistante en Tunisie ? Et que penser de « ce retour des acheteurs grecs (534 personnes) », à l’heure où le pays votait pour des législatives risquant de bouleverser tous les vecteurs de son économie ?! Cette édition reste néanmoins un must par rapport à celle de juillet, qui était tombée en dessous de la barre des 25 000 visiteurs. Espérons que celle de septembre 2015 sera, à minima, à son image.
Exit Who’s Next Accessories, la bannière Première Classe réunissait toutes les marques d’accessoires, avec une mise en avant des acteurs mode (Hall 7.1) par rapport aux bagagistes et maroquiniers dits classiques (Hall 7.2). Cette volonté d’opérer un « retour aux sources pour retrouver les valeurs de Première Classe » (voir notre article sur le sujet) équivaut à un manque à gagner de 160 exposants par rapport à la sélection de janvier 2014 (944 marques contre 784) et 91 par rapport à juillet 2014. Certaines enseignes très commerciales n’exposaient donc pas (Adidas, Blue Mountain, Converse, Diesel, Dr Martens, Eden Park, Guess, Puma…), tandis que les veines créatives (Anthony Peto, Babylone, Gas Bijoux, Georges Morand, Jack Gomme, Philippe Audibert…) pouvaient s’affirmer. Un pari audacieux, mais peut-être utile, à l’heure où le salon doit absolument se mobiliser pour être attractif. Reste à savoir si le départ de ces locomotives est volontaire ou subi ? En effet, comment interpréter le retour de Desigual ou Olivier Strelli alors qu’Agnelle, Béton Ciré, Christian Lacroix, Lacoste ou Yves Salomon sont absents ?… Une fois de plus, il convient d’être prudent sur l’annonce de stratégie coup-de-poing dans une conjoncture aussi retors.
Les exposants nous ont confié avoir relativement bien travaillé, mais une constatation s’impose : les prix pratiqués au Hall 7.1 s’adressent plus volontiers aux boutiques de prêt-à-porter multimarques Premium et aux étrangers (concept stores, grands magasins…) qu’aux détaillants spécialisés, surtout en maroquinerie où le panier moyen pour un sac n’excède pas 150 € (prix final). La question de savoir comment séduire, au niveau national, le réseau des maroquiniers français est donc sur toutes les lèvres.
Le gagnant du Future of Fashion Program, en partenariat avec Not Just a Label, catégorie « accessoires » est Väska, une marque espagnole de sacs minimalistes.
Enfin, grand moment de cette manifestation, Who’s Next Première Classe a fêté ses 20 ans lors d’un défilé unique qui se termina dans un jet multicolore de paintball. Heureusement, les organisateurs avaient fourni aux spectateurs des combinaisons blanches étanches. Etre étanches aux problèmes… Est-ce la morale de cette édition qui a su garder la tête hors de l’eau ?!