À la question de savoir pourquoi Martin Meunier, fondateur de la marque Valet de Pique, préfère exposer au salon Who’s Next plutôt qu’à Premiere Classe (ce qui lui permettrait d’ouvrir son marché à l’international), le dirigeant répond : « parce que nous sélectionnons des boutiques qui répondent à nos critères et privilégions le marché français ».
Et dans ses critères, il y a l’idée de valoriser le made in dans son propre pays. Cette stratégie paie puisque la marque a déjà ouvert des points de vente prestigieux comme Le Printemps, le BHV ou L’Exception, ainsi qu’une trentaine de concept stores et maroquineries dans plusieurs régions françaises.
Un fait d’autant plus significatif que le prix des modèles dépasse de loin le panier moyen des Françaises (estimé à 150€ avant l’inflation). Ainsi, parmi les best sellers, le sac à main Colette, est commercialisé 350€ prix public, le Joséphine, 380€ et le cartable pour hommes Émile 445€. Quant à la dernière création, le Gabrielle, une série limitée réalisée dans un cuir souple issu des dead stocks des maisons de luxe, il est vendu 325€.

Il faut dire que Martin Meunier ne mégote pas avec la qualité de ses produits. Formé dans une école d’ingénieur, ce passionné d’artisanat découvre, en 2018, un atelier, situé dans le 11^e arrondissement parisien, qui fabrique des mallettes en cuir pour les pilotes d’Air France, les facteurs et les plombiers. Des articles pour professionnels conçus donc pour durer. Cette durabilité née d’un savoir-faire l’inspire. En novembre 2018, il se lance dans l’aventure.

Son projet : fabriquer de la maroquinerie en cuir sellier origine Europe, avec d’épaisses coutures apparentes, légèrement obliques pour plus de résistance. Au chrome, il préfère le tannage végétal pour favoriser une patine naturelle. Les modèles ne possèdent pas de doublure « pour ne pas qu’elle s’abîme ». L’intérieur des sacs est donc un revers de cuir et les poches internes sont directement cousues à même le cuir. Les métalleries, qui ne sont plus fabriquées en France, proviennent principalement d’Italie.

Très vite, il se fait remarquer sur les réseaux sociaux et vend depuis son site internet. Mais les clients veulent pouvoir toucher les produits. De fait, il se lance dans une distribution whole sale sélective et signe, en 2021 pour faire face à la demande, avec un nouveau partenaire de fabrication, un atelier situé à Biarritz.

Au final, ce Valet de Pique — nom inspiré de la grosse pince en bois qui permet de maintenir deux pièces de cuir ensemble, pour libérer les mains et piquer le cuir — semble porter bonheur à Martin Meunier. En 2022, il a vendu 5 000 sacs. L’équipe parisienne est aujourd’hui constituée de 6 personnes, à laquelle il faut ajouter l’apport de Louise Drouhet, de la marque Soubacq (veste de travail haute couture), une collaboratrice associée, venue booster la partie style.

Valet de Pique est la preuve que « l’amour du travail bien fait, les plaisirs simples et les bonheurs paisibles, un monde dans lequel on donne du temps au temps » ont de beaux jours devant eux.

Si vous souhaitez faire partie des boutiques revendant les pièces Valet de Pique, n’hésitez pas à faire une demande par mail à amelie@valetdepique.fr