La tendance ? Une offre accessoires/prêt-à-porter globale, concept et marketée
Des marques, jusqu’alors dédiées aux accessoires de mode (sacs, foulards, chaussures, etc.), sortent de leur territoire de prédilection pour proposer des lignes de vêtements. Pourquoi ? Enquête sur le salon Premiere Classe octobre 2023.
Par Florence Julienne ©Kim Weber
À l’occasion de notre passage sur Premiere Classe, organisé par WSN Developpement lors de la fashion week parisienne octobre 2023, nous sommes frappés par l’évolution du marché vers une offre globale — comprenez articulée autour de différents articles — comme l’illustrent les marques Be Parisian, Claramonte, Dragon, Mapoésie ou Mii Collection.
D’une part, les stands de prêt-à-porter sont mêlés à ceux des accessoires de mode. Rappelons qu’auparavant, ils étaient installés dans une partie identifiée du salon, que ce soit Paris sur Mode ou sans dénomination précise.D’autre part, les espaces proposant des accessoires de mode sont plus grands et, surtout, diversifiés.
Le premier à attirer notre attention est Dragon. Cette griffe italienne, spécialisée dans le tressage du cuir, propose désormais une petite ligne de tops, robes et jupes, réalisée par Universel. « Je sais travailler le cuir, mais ne maîtrise pas le patronage, la coupe et la couture, d’où ma collaboration avec un acteur du prêt-à-porter », confie le responsable, Craig Wright, à C+ accessoires.
Autre exemple, Claramonte, également spécialiste des sacs en cuir tressés, fabriqués au Maroc. « Avec le sac, on tourne vite en rond, explique le co-créateur, Philippe, qui bénéficie d’une formation de styliste. Concevoir des vêtements me permet d’utiliser d’autres matières. De toute façon, je m’adresse principalement aux concept stores. »
Aujourd’hui, les créateurs d’accessoires de mode se lancent dans le prêt-à-porter
CQFD : cette nouvelle tendance du marché s’inscrit dans le sillage de l’évolution des commerces spécialisés vers des boutiques concept stores. « Aujourd’hui, nous surfons sur une proposition lifestyle, qui répond à la demande du marché pour des marques ayant un ADN, indique Sylvie Pourrat, directrice du salon Premiere Classe. Cette mutation répond à un besoin de créativité et d’élargissement de l’offre. Autrefois, jamais le prêt-à-porter ne venait s’insérer dans une discussion. Aujourd’hui, c’est une évidence. Chaque griffe, dans son style, touche une clientèle qui aime le produit et est très contente de retrouver le même univers en version sacs ou vêtements. »
Ce, à l’instar de nombreuses enseignes de prêt-à-porter qui s’approprient les accessoires pour booster ou accessibiliser leur business. Ainsi, la jeune styliste queer, Jeanne Friot, expose des cabas aux couleurs acidulées, réalisés avec le concours de la rédactrice de mode et créatrice d’une marque de maroquinerie, Clémence Cahu.
Le risque ? Ne pas maîtriser la fabrication de son produit, d’où la nécessité de déterminer une véritable direction stylistique pour que les acheteurs comprennent ce qui est proposé. D’où, aussi, la tentation de conduire des collaborations (comme celles citées plus haut) : un phénomène de plus en plus fashionable.
« Le challenge, conclue Sylvie Pourrat, est de rayonner plus largement sur le marché pour se créer de nouvelles opportunités financières. Néanmoins, pour l’instant, Premiere Classe reste sur une offre représentée à 90% par les accessoires de mode. »