Pourquoi le salon du bijou n’aura pas lieu…
Le salon international du bijou de la porte de Versailles a déclaré forfait : il ne se tiendra pas en septembre 2020. Un choc pour la profession après 149 éditions non stop. Mais une position que défend sa directrice, Marine Devos.
C+ accessoires/Lydia Christidis : Qu’est ce qui a motivé la décision d’annuler votre édition de septembre 2020 ?
Marine Devos, directrice du salon Bijorhca Paris : En raison des circonstances exceptionnelles liées à l’épidémie sanitaire de Covid-19, trop d’incertitudes persistent, même si l’évolution est positive en France depuis la sortie du confinement. La première d’entre elles concerne les conditions de déplacement de nos exposants internationaux qui représentent 60 % de l’offre sur Bijorhca Paris, ainsi que celles de nos visiteurs, soit près de 30 % de la fréquentation totale. Les vols sont restreints, les tarifs exorbitants et les quarantaines sont encore parfois en vigueur, en fonction des pays.
De plus, nous avons sondé l’ensemble des acteurs du secteur du bijou, sur la période du 9 au 15 juin dernier, et le nombre d’acheteurs, qui se déclaraient prêts à se déplacer en septembre prochain, ne nous permettait pas de garantir l’efficacité du salon. Nous sommes des organisateurs de mises en relation — c’est le cœur de notre métier — et Bijorhca Paris ne peut se tenir que s’il est en mesure de délivrer de façon efficace ce rendez-vous physique entre marques et revendeurs. Nous n’avons pas voulu prendre le risque d’engager nos marques et nos créateurs sur une session où les conditions de succès ne sont pas réunies et à fréquentation réduite.
Certes, le gouvernement a annoncé, voilà 10 jours, que les salons professionnels pouvaient se tenir à partir du 1er septembre, mais des questions demeurent quant aux conditions de reprise… Par ailleurs, un salon professionnel ne se prépare pas en moins de 2 mois ! L’intérêt de Bijorhca Paris est qu’il y ait du business, des rencontres physiques entre acteurs du secteur !
Avant vous, Maison&Objet, qui appartient au même groupe (Reed Exhibitions), a annoncé son annulation il y a 2 semaines. Est-ce la stratégie du groupe ?
Chaque salon a ses spécificités, chaque marché concerné est différent aussi. On n’organise pas un événement de cette taille en 3 jours ! En 3 mois, c’est déjà complexe, mais en 2 mois avec les congés d’été entre-temps…
Cela n’a pas été une décision facile à prendre et qui donc a été mûrement réfléchie. Nous avons conscience de ses incidences, pas seulement pour nos propres activités, mais pour tout l’écosystème qui en dépend. A commencer par les professionnels du bijou, parce que marques, fournisseurs et acheteurs génèrent du chiffre d’affaires sur Bijorhca, mais aussi pour nos prestataires/partenaires. Les facteurs touristiques (hôtels, restaurants…) en sont aussi impactés.
Prévoyez-vous de mettre en place une alternative pour pallier l’absence de ce rendez-vous, comme une plateforme digitale ?
Nous gardons à l’esprit que le digital doit être utilisé comme un outil, mais qu’il ne remplacera jamais la rencontre physique, qui est notre domaine de compétences. A fortiori sur notre secteur pour lequel on a besoin de venir toucher, estimer la qualité des matières, découvrir les tendances. Nous travaillons en effet sur la mise en place d’une solution permettant la simple mise en relation. C’est à l’étude…
Comment comptez-vous garder le lien jusqu’en janvier 2021 ?
Animer la communauté, c’est exactement notre métier ! L’impact de la crise sur nos événements nous invite à réinventer notre capacité à accompagner nos clients : il va falloir répondre aux nouveaux besoins de nos exposants et visiteurs. Toute l’équipe de Bijorhca continue d’échanger avec tous les acteurs du secteur. Nous avons beaucoup développé notre présence sur les réseaux sociaux, depuis plusieurs saisons, et nous allons continuer à mettre en avant les tendances, les initiatives de chacun, les nouveautés. Nos marques peuvent ainsi s’appuyer sur la plateforme de Bijorhca Paris. A la sortie de cette crise, on va prendre conscience que la rencontre physique est fondamentale : elle aura dorénavant une tout autre saveur. On va revenir à des événements qui ont du sens.
Que pouvez-vous dévoiler concernant la session de l’an prochain ?
Nous nous laissons le temps de la réflexion… Nous allons nous adapter à la situation de notre marché et c’est l’occasion de re-imaginer l’événement : sa stratégie, son format… Laissons passer l’été et rendez-vous en septembre pour une nouvelle interview !