Chiffres 2018
Les baskets font courir le marché de la chaussure. Pour Gilbert Mugnier, le Président de l’Association Arici qui regroupe fabricants, agents et distributeurs du secteur, il s’agit d’une « révolution » de consommation. Aujourd’hui, dans la répartition des ventes par circuit, « la part du réseau des magasins de sport s’impose largement, loin devant celle des indépendants multimarques. Or, il y a encore cinq ans, elle se situait sous la barre des 10 % », observe-t-il.
Par Marie-Emmanuelle Fron
Selon les chiffres 2018 communiqués par la Fédération française de la chaussure (FFC), les magasins de sport (Intersport, Décathlon, Courir, etc.) représentent 29,5 % du total des ventes ; les succursalistes (La Halle, Besson, Gemo, etc.) 17 % ; les spécialistes VAD (vente à distance) 12 % ; les chaînes de magasins (André, Eram, Jonak, Minelli, etc.) 13,5 % ; les multimarques indépendants 13 % ; les magasins d’habillement 7 % et les GSA (grandes surfaces alimentaires) 4 %.
Ainsi, dans le match qui oppose les chaussures de ville aux modèles sport, « l’avantage est nettement aux derniers », note de son côté Derval Ligonnière, responsable études et marketing au sein de la FFC. Au cours de la saison été 2018, par exemple, les ventes de produits ville ont chuté de 13 % par rapport à l’été 2017, tandis que celles des sneakers ont augmenté de 8 %. C’est sur le segment femme que les scores ont été les plus remarquables avec une augmentation de 27 % des achats de baskets et une baisse de 16 % des dépenses d’articles classiques. Pour la première fois en 2018, « le pôle sport est passé devant le pôle chaussures avec 51 % du marché », note cet observateur.
Tous styles confondus (articles d’été, produits d’intérieur, bottes en caoutchouc, espadrilles, tongs, etc.), la consommation moyenne en France par habitant a légèrement reculé ces dernières années, particulièrement sur les segments femme (-2 % entre 2015 et 2018) et enfant (-2 % entre 2015 et 2018). L’enfant (0-14 ans) consomme en moyenne 6 paires par an. Les femmes 5 paires. Et les hommes 3,5 (source FFC).
Cette consommation varie toutefois selon les âges. Si une Française compte en moyenne 14 paires dans son dressing, elle en possède 12 si elle a entre 35 et 44 ans, et 15 si elle a entre 15 et 34 ans (source Statista Research Department).
Longtemps en tête du marché européen, l’Hexagone reste un bon consommateur de chaussures. Il occupe le troisième rang après le Royaume-Uni et l’Allemagne et devrait représenter 9,1 milliards d’€ en 2021 (Estimations du Consumer Market Outlook de Statista). Toutefois, ces bons résultats ne profitent pas à tous les acteurs.
A l’écart de la manne du sport, certains chausseurs multimarques (4 500 entreprises recensées en 2018, selon la Fédération des détaillants en chaussure de France) repensent leur sélection. « Des bijoux, du textile, de la maroquinerie ou encore de la décoration s’invitent dans les points de vente pour attirer un consommateur de plus en plus versatile », remarque sur le terrain Gilbert Mugnier.