Létol tisse des liens plus humains dans l’industrie de la mode
Létol, c’est l’histoire d’une rencontre entre le savoir-faire français des Tissages de Charlieu (LTC), 120 ans de tissage au compteur, et une « salariée-entrepreneuse », Sophie Badot, désireuse de prouver que mettre plus d’humain dans le all process industriel est possible.
Par Florence Julienne
Des arrière-grands-parents brodeurs, des grands-parents commerçants dans le textile… Très vite, Sophie Badot a le goût de la technicité et de l’art appliqué. Sauf qu’elle ne se reconnaît pas dans le modèle de surconsommation proposé par notre secteur d’activité. En 2011, employée depuis dix ans chez LTC, elle a l’idée de développer une ligne d’accessoires de mode pour tenter une nouvelle approche du commerce.
Elle reçoit le soutien logistique et financier de son PDG, Eric Boël, pour créer une intra-entreprise qui fabriquerait des étoles, en coton bio tissé jacquard, comprenez qui crée un motif (et non pas un imprimé), par l’entrecroisement des fils de coton, et se portent donc à l’endroit comme à l’envers. « Je voulais prouver que le jacquard n’était pas ringard et que le coton bio pouvait être coloré ».
12 ans tard, Létol, ce sont deux collections par an, avec près de 60 nouveaux modèles chaque saison, confectionnées et livrées par une équipe de 5 personnes, en pronto pour ne pas peser sur la trésorerie, à près de 300 revendeurs français.
« Pas de surproduction », telle est la logique vertueuse de Sophie Badot.
Quels sont les engagements de Létol pour une économie plus humaine et plus respectueuse de la planète ?
Le Made in France : les étoles Létol (50cm sur 2m) sont entièrement créées, tissées et confectionnées à Charlieu (Loire), préservant ainsi un savoir-faire français de plus de quatre siècles (la Confrérie des Tisseurs dans la Loire).
L’utilisation de coton bio : produit en Turquie, il est garanti par Ecocert, teint en France (à 20km de Charlieu) suivant les normes Gots et Oeko-Tex standard 100. Selon les modèles, il peut y avoir un peu d’acétate, acrylique ou coton-polyester recyclé.
Une consommation énergétique maîtrisée : l’atelier fonctionne avec des énergies vertes (barrage de Savoie et panneaux solaires) et récupère l’énergie calorifique produite par les métiers à tisser pour se chauffer.
Une politique de prix accessibles : les étoles sont vendues entre 60 et 65€. Répartir les marges c’est « respecter la chaîne humaine, du fabricant au consommateur ».
Le choix d’un circuit de distribution de proximité : Létol est représenté par près de 300 détaillants indépendants (boutiques de prêt-à-porter féminin et masculin, maroquineries, bijouteries, concept stores…). Sophie Badot refuse de vendre aux grands magasins ou aux plateformes d’e-commerce, qui n’ont pas « cette part humaine ».
Le recycling : les tissus comportant des défauts sont reconditionnés sous forme de sacs numérotés.
Résultat, la marque Létol bénéficie de nombreux labels — Entreprise du Patrimoine Vivant, Origine France Garantie, France Terre Textile, Gots — et s’inscrit, en toute liberté artistique, dans un circuit économique au service du bien commun.